Des mots pour guérir : lorsqu’écrire devient une thérapie

Des mots pour guerir

Dans l’art délicat de capturer les histoires de vie, de créer des contes pour enfants ou de transmettre la raison d’être d’un entrepreneur réside une dimension souvent sous-estimée, mais cruciale : la compréhension psychologique. En tant que biographe et écrivain, je navigue dans les méandres des émotions, des souvenirs enfouis, et des aspirations intimes. Ce rôle, à la croisée des chemins entre l’écrivain et le psychologue, exige une écoute attentive, une empathie profonde, et une sensibilité à la complexité de l’âme humaine.

L’écrivain, un confident pas comme les autres

Pour saisir véritablement l’histoire d’une personne, il ne suffit pas de recueillir des faits ou de lister des événements; il faut plonger dans les profondeurs de l’expérience vécue, comprendre les motivations, les craintes, les joies, et les peines qui traversent l’individu. Cela demande une capacité à établir une connexion authentique, à créer un espace où la personne se sent vue, entendue, et cela sans jugement. Comme un psychologue, mais avec un stylo en main, je tisse des liens délicats avec ceux qui me confient leurs récits, cherchant à comprendre ce qui les anime profondément. J’accueille, avec bienveillance, les larmes qui remontent à la surface, les secrets et les souffrances enfouies.

L’écriture comme thérapie

L’acte d’écrire, en lui-même, possède une puissance thérapeutique reconnue. Mettre des mots sur ses expériences, c’est offrir une forme de validation à son vécu. Cela peut aider à organiser le chaos des pensées et des sentiments, à découvrir du sens dans les épreuves, et à célébrer les moments de joie. Pour beaucoup, écrire devient une sorte de libération, un moyen de se délester du poids des non-dits et de guérir de vieilles blessures. À travers les mots couchés sur le papier, les individus peuvent se reconstruire, se redéfinir, et parfois même trouver une paix intérieure.

Julia Cameron a capturé cette notion dans son approche des «Pages du Matin». Elle encourage à écrire trois pages de pensées brutes chaque matin, sans censure et sans contrainte, permettant ainsi de clarifier l’esprit, de résoudre des problèmes, et, surtout de (re) découvrir les coins les plus cachés de notre être.

Une aventure à deux

Dans mon travail, la création d’une biographie ou d’un conte sur mesure est un processus collaboratif avec la personne qui me fait confiance. Cette démarche requiert une compréhension psychologique fine pour guider délicatement la personne dans l’exploration de ses propres histoires, l’encourager à se révéler, tout en veillant à respecter ses limites. C’est comme naviguer ensemble sur une rivière. Nous affrontons les courants, parcourons les eaux calmes, les turbulentes — toutes riches d’enseignements et de découvertes. Pour atteindre notre destination, nous devons pouvoir compter l’un sur l’autre, chacun contribuant à sa manière à la traversée. 

Un échange enrichissant

Ce voyage, il ne transforme pas que celui ou celle qui me confie son histoire. Il m’enrichit, m’ouvre à de nouvelles perspectives, me livre des leçons de vie. Chaque personne est une source d’inspiration et d’apprentissage. Pour celui ou celle qui se dévoile, c’est une opportunité de se redécouvrir, de prendre conscience de la beauté de son parcours, et de partager cette richesse avec les autres. Ensemble, à travers l’acte d’écrire et de se raconter, nous tissons une trame de compréhension mutuelle, de guérison, et d’humanité commune. 

Comme l’a dit Maya Angelou, poète et écrivain : «Il y a une sorte de libération qui s’opère lorsque l’on raconte sa vérité, et la vérité libère non seulement vous-même, mais elle peut aussi libérer les autres.»

Les philosophes anciens avaient aussi perçu cette force de l’écriture. Sénèque, par exemple, prônait que «l’écriture est la meilleure méthode pour approfondir et aiguiser l’esprit». À travers les siècles, l’acte d’écrire a continué d’être une voie vers la connaissance de soi et une forme de catharsis.

En conclusion

Appréhender les arcanes de l’âme humaine n’est pas un plus dans mon métier, c’est le cœur même de ce que je fais. Pour celui qui écrit comme pour celui qui se dévoile, l’écriture est un cheminement thérapeutique, un moyen de guérir des blessures, et de célébrer la vie. Chaque récit est une occasion de mettre en lumière la force, la résilience et la beauté intérieure qui résident en chacun de nous. C’est ça, la magie de ce que j’accomplis.