Description du projet

Dès l’aube, la place du village s’était animée, accueillant l’installation des jeux. Entre les branches des arbres, on avait suspendu des guirlandes de papier coloré et des lampions. C’était jour de fête à Bray-le-Val, et même le soleil avait choisi de participer à la célébration.

À midi pile, l’ouverture de la buvette marquait le lancement officiel des festivités. Presque tous les villageois étaient de sortie. Il y avait des attractions pour les petits, comme pour les grands.

Le mât de cocagne était le point de ralliement des adolescents désireux de démontrer leur agilité et leur force. Au sommet du poteau enduit de savon noir, diverses récompenses étaient suspendues sur un anneau : friandises, saucissons et même une bouteille de vin. Les plus jeunes, eux, préféraient le chamboule-tout, s’acharnant à faire tomber des pyramides de boîtes de conserve vides au moyen de balles de chiffon.

Anatole, quant à lui, aimait observer ceux qui tentaient leur chance à la Quintaine, jeu d’adresse issu du Moyen-Âge. À cette époque, le défi consistait pour le chevalier à percuter de sa lance le bouclier d’un mannequin surmontant un mât, parfois équipé d’un bras pivotant et d’une masse menaçante. À Bray-le-Val, un gars poussant une brouette faisait guise de monture. Les compétiteurs assis et armés d’un bâton cherchaient à viser un trou dans une pièce de bois. Manquer la cible déclenchait le basculement d’une bassine d’eau sur la tête du téméraire, provoquant l’hilarité des spectateurs.

Un autre divertissement consistait à attraper avec les dents une pomme cachée dans une cuvette emplie de farine, sans utiliser ses mains, laissant le visage recouvert d’une couche comique. Ceux qui réussissaient l’exercice dans le temps imparti recevaient comme récompense un paquet de cigarettes.

Anatole décida de relever le défi du jeu de la pomme de terre. Yeux bandés, un maillet à la main, le but était de réduire en purée une pomme de terre crue placée quelque part devant lui. La clé du succès résidait dans la capacité à mémoriser la position du tubercule avant que le bandeau ne le plonge dans l’obscurité. Trois tentatives étaient accordées pour atteindre son objectif. L’adolescent triompha au deuxième coup, laissant échapper un cri de satisfaction. Il repartit avec une poignée de carambars dans la poche.

L’après-midi fut ponctué d’autres jeux et divertissements, y compris la course traditionnelle où les participants s’élançaient pour un circuit de 5 km serpentant à travers les rues du village et s’étendant dans la campagne alentour.

Puis vint le bal du 14 juillet au crépuscule…

Extrait d’une biographie écrite en 2024.